When your eyes are open, what you see constitutes the world. The sink in front of you. The window beyond it. The trees beyond that. The counter that runs to the left of you. The waste bin to your right. The world is clearly, the spatial interaction of these objects and what lies between them. When you close your eyes though, the world changes. What’s right in front of you is not necessarily what’s most immediate. You can hear the traffic below you. Someone speeding up to catch the yellow light before it turns red. Someone pulls out of their parking spot abruptly and another car’s horn erupts. Your upstairs neighbour walks from the bedroom to the bathroom. The world is no longer objects in space but bodies in motion and the cries they make as they connect. You are permitted to be sad and self pitying for 5 to 7 minutes a day. You choose to take these moments in the shower each morning. This is an acceptable place to experience the full weight of these emotions. Shower yourself in tears. Allow the sound of your weeping to be drowned out by the water hitting porcelain and draining down a lead pipe, unbenounced to your roommates. Some days the misery may not surface immediately upon stepping into the shower, but it’s important to make an effort to find and express these feelings in an act of self preservation. To prevent a burst of unregulated emotion in a less controlled setting. Your back hurts. You aren't sure why and this frustrates you. You lay on your back staring at the ceiling, jaw clenched. Once you realize that you are grinding your teeth you make a conscious effort to stop. Your back really hurts. You lift your arms and let them drop back to the bed. Even that hurts, although in an unsatisfying way. “Fuck.” You try to reach your phone without moving. You stretch out your left arm towards the nightstand. The tips of your fingers make contact with the cable running from the charger in the wall socket, up to the phone. You grasp the cable and tug a little too enthusiastically. The phone slides off the nightstand. Your still holding the cable and you can feel the weight of the phone dangling precariously between the bed and the nightstand. You try to reel the phone in slowly, careful to remain flat on your back. Thump – the phone disconnecting from the charger falls to the floor. “Fuck”. You are going to have to get up to reach your phone. You're not sure what time it is. It had been raining so much lately that you had trouble judging the daylight that bled through your curtains. Your grinding your teeth again. You take a deep breath and take stock of your day. You need to e-mail your sister. Before work you wanted to print out your passport application forms. Hamza wanted to have lunch. Momentarily, as you itemize the things you have to do today the pain subsides. Oh, you have to send that e-mail to the insurance people - before noon. You start, moving to grab your pho - and the pain halts you immediately. “Fuck.” Kitchen: In an instant the entire contents of your freezer flashes before your eyes. There's a chicken in the freezer. It's frostburnt. It's been there since last autumn. If you are what you eat; the contents of your refrigerator must be in some sense a self-portrait. Beside the chicken 6 bananas. A bag of ground coffee. An ice cream container holding compost. A bag of frozen peas purchased once, not ever really with the intention of eating but because it was cheaper than an ice pack at the dep. And a stick of butter, for making pastry dough obviously. Although it’s not clear you’ll ever make pastries again. What does this picture mean? You open the fridge door and pull out a pitcher of orange juice made from frozen concentrate. You pour yourself a glass of orange juice. Sipping on it while going through the motions of making your morning coffee. No, actually, you’re not drinking coffee this week. Instead as the kettle boils you reach to the back of the cupboard and pull out a miscellany of tea. There’s lemon ginger for sore throats. A peppermint nettle blend, other stuff too – wild foraged – in a brown paper bag. Probably too dry to have any noticeably beneficial effect. Raspberry zinger that you purchased one summer to make ice tea but you found that the flavour too closely resembled that of kool aid. And 1 loose sachet of Tim Horton's earl grey. You briefly consider making a more elaborate breakfast but settle on a banana and a cup of tea. Bit by bit the obligations of the day begin to weigh upon you. You find yourself moving away from those raw animal tasks like feeding and relieving yourself. Up through the bare human feelings that motivate everything else. Slowly getting swept up by the modernity of your every day. One last thought before you sink into a pool of notifications. Caught in a whirl of likes and faves and other more important things like emails from the régis de logement and calls from the employment office. One fleeting thought before all of that. You are what you eat. Taking into considerations the contents of your fridge and what you've chosen as a first meal of the day. Ponder that question. What if you are what you eat?

Ton dos fait mal. Tu n'arrives pas à cerner la source de la douleur, ce qui redouble ton irritation. Tu es couché sur le dos, pourtant, observant le plafond, mâchoire tendue. Une fois que tu constates que tu grinces des dents, tu fais un effort conscient d’arrêter. Ton dos fait très mal. Tu lèves tes bras puis les relâche sur le lit. Ça fait mal, ça aussi, de manière encore plus diffuse. ‘Fuck’ Tu essaies de repérer ton téléphone sans bouger. Tu étires ton bras gauche vers la table de nuit. Les bouts de tes doigts effleurent le câble qui relie le téléphone au mur. Tu le tires avec un peu trop d’enthousiasme. Le téléphone glisse. Tenant bien au câble, tu sens le poids du téléphone, qui pend dangeureusement entre le lit et la table de nuit. Tu tentes de tirer le téléphone à toi lentement, en demeurant couché. Pac. Le téléphone, s’étant arraché au câble, est tombé au plancher. ‘Fuck’ Tu seras obligé de te lever pour ramasser le téléphone. Tu n’es pas sûr de l’heure. Il pleut tellement récemment que tu en juges mal si tu dépends seulement de la lueur qui te parvient au travers les rideaux. Tu grinces des dents encore. Tu prends une grande respiration et penses à ta jouirnée. Tu dois envoyer un courriel à ta soeur. Avant de travailler, tu voulais imprimer une demande de passeport. Hamza voulait que vous dîniez ensemble. Pour un instant, alors que tu énumères les trucs que tu dois faire aujourd’hui, la douleur diminue. Tu dois aussi envoyer un courriel à la compagnie d’assurances, avant midi. Tu t’élèves, bougeant vers ton tél- et la douleur t’arrête immédiatement. ‘Fuck’. Il est permis d'être triste et de s'apitoyer sur son sort entre cinq et sept minutes pas jour. Tu choisi de prendre ces moments dans la douche à chaque matin. Ça tu paraîs un endroit convenable pour ressentir tout le poids de ces émotions. Être lavé par les larmes. Les lamentations sont noyées par le son de l'eau sur la porcelaine et s'écoulant dans le drain, à l'insu des colocateurs. Il est possible que certain fois, la tristess ne monte pas à la surface immédiatement, mais c'est important de faire un effort pour la trouver et exprimés la sentiment dans un acte de survie. Pour prévenir la marée d'émotions de surgir dans un contexte moins approprié. En un instant le contenu de ton congélateur défile sous tes yeux. Un poulet, enneigé. Qui date de l’automne dernier. Dis-moi ce que tu manges, dit-on... et le contenu de ton frigo fait office d’autoportrait. À part ce poulet, il y a six bananes. Un sac de café moulu. Un contenant de crème glacée, rempli de composte. Un sac de pois, acheté au dépanneur, non pas avec l’intention de le manger; c’est plutôt qu’il coûtait moins cher qu’un ice-pack. Et un bâtonnet de beurre, pour la pâtisserie. De là à dire que tu feras à nouveau des pâtisseries, rien n’est moins clair. Qu’est-ce que ce portrait? Tu ouvres la porte du réfrigérateur et en sors un pichet de jus d’orange fait de concentré. Tu te verses un verre et le bois lentement tout en vaquant à la préparation d’un café. Mais c’est vrai, il ne faut pas, puisque tu n’en bois plus, du moins pas cette semaine. Alors que la bouilloire chauffe, tu retires du fond du placard le nécessaire pour te faire un thé. Il y a citron-gingembre, pour les maux de gorge. Un mélange de menthe poivrée et d’ortie, puis d’autres trucs aussi - sauvages, cueillis à la main - dans un sac de papier brun. Probablement trop vieux pour avoir quelconque effet. Aussi, il y a ce mélange de framboise, acheté un été pour faire du thé glacé, jusqu’à ce que tu constates que le goût ressemblait trop au Kool-Aid. Puis finalement, un sachet d’Earl Grey du Tim Horton. Tu considères brièvement de te préparer un déjeuner plus élaboré, mais te résignes à une seule banane, en plus de cette tasse de thé. Peu à peu les exigences de la journée commencent à te travailler. Tu te sens à distance de ces activités plus purement animales que sont manger et de faire tes besoins. Tiré par ces sentiments plus humains, qui charrient tout le reste. Lentement, tu es absorbé.e par la modernité du quotidien. Une dernière pensée avant de t’enfoncer dans une mare interminable de notifications, et que tu sois épris d’un tourbillon de likes et de favoris, et d’autres quotidiennetés moins éphémères, comme ces courriels de la Régie ou les appels du Centre d’emploi. Une dernière pensée, avant tout ça. Dis-moi ce que tu manges… Prenant pour exemple les contenus de ton frigo et ce que tu as choisi comme premier repas de la journée, qui est-tu?